dimanche, janvier 10, 2010

la cité nouvelle.


À l'heure qu'il est les ruelles Sevillanes sont humides, les lampadaires distillent une lumière orange éclaboussante, une lumière floue et vulgaire, qui aplanit couleurs et formes.
L'éclairage nocturne redonne à la ville son vrai visage: il rebondit mollement sur le béton cubique et mort, tourbillonne dans l'œil ivre et glisse sur une immense surface plane et transparente qui s'étend sur des kilomètres alentour.

LA VITRINE,

Les cités ne sont plus des nids d'homme, l'idéal de la ville n'est plus... Seule reste la vitrine: étal mirifique, cliquetant d'artefacts futiles ne visant que l'assouvissement de besoin fictifs. Ce plateau scintillant de produits maquillés sur lesquels de lubriques néons éjaculent jours et nuits une clarté aveuglante, cette mare indécente de boue consumériste dans laquelle seule une minuscule grappe d'occidentaux ose se vautrer... ELLE nous étrangle.

La vitrine nous entoure, elle nous encercle, elle nous étouffe tel le boa constricteur qui achève sa proie. L'espace urbain n'est plus le repaire de l'humanité, il ne s'agit plus que désormais d'un gigantesque espace dédié à la consommation. Les rues ne sont plus que les couloirs qui relient un magasin à un autre, les parcs sont comme les reliques agonisantes de ce que la ville-magasin a bientot achevé d'annihiler à l'extérieur de ses remparts. D'ailleurs il suffit de se promener la nuit dans une grande agglomération pour réaliser que nous vivons au milieu d'une énorme galerie commerciale où les lampadaires sont braqués vers le ciel pour éteindre les étoiles...

Les vitrines d'aujourd'hui ne sont que les excroissances disgracieuses d'un concept absurde, une idée qui s'est échappé hier de nos têtes avant que nos esprit aient eu le temps de réaliser qu'elles provoquerait la perte de notre civilisation.

Ce concept absurde tiens en deux mots:
CORNE D'ABONDANCE. Notre grave déviance, en tant qu'espèce pensante, c'est de s'obstiner à croire que nous jouissons de ressources illimitées.
Nous vivons au jour le jour sur l'autel mondialisé de notre suicide collectif. La ville vitrine nous absorbe, inéluctablement.





Heureusement il reste les bars...

Aucun commentaire: